Avortement et contraception : le problème moral

Avortement et contraception : le problème moral

Je souhaite aborder la question morale posée par l’avortement, et par la contraception, en tant que féministe. 

Certaines féministes contesteront que cette démarche puisse être féministe, alors qu’elle est fondamentale pour les droits des femmes, dans l’intérêt des femmes.  Je rappellerais d’abord ce que signifie pour moi être féministe, et pourquoi, le débat sur ces questions apparait si problématique aux féministes. Ensuite j’expliquerai pourquoi il me parait utile de l’aborder aujourd’hui, et quelles sont les questions que j’aimerai poser aux partisans des deux « camps » sur ces sujets.

Si l’on se place du point de vue des femmes, il faut défendre leur liberté de disposer de leur corps, et surtout, de le faire en toute connaissance de cause,
Si l’on se place du point de vue des femmes, il faut défendre leur liberté de définir les liens affectifs qu’elles veulent en toute liberté,
Ce qui signifie qu’il faut les défendre à la fois contre des visions qui restreignent leur droit à disposer de leur propre corps, y compris en refusant un autre corps, le corps d’un enfant, en elle,  et qu’il faut les défendre aussi contre des pressions qui visent à les contraindre à avorter,
Si l’on se place du point de vue des femmes, il faut défendre leur liberté d’avoir du plaisir gràce à leur corps, comme leur liberté quand elles le veulent de choisir de ne pas en avoir malgré le désir, il faut encore répéter que quand une femme dit non c’est non …
Si l’on se place du point de vue des femmes, il faut défendre leur liberté d’être joli et sexy en public, sans aller jusqu’à s’adresser de manière agressive à une autre personne par de l’exhibitionisme évidemment, comme leur liberté de ne pas être particulièrement mise en valeur esthétiquement, de ne pas montrer leur corps, de faire prévaloir leur confort et leur santé sur la « mode », de dire que la santé est la seule beauté réelle,

Il n’y a plus de débat aujourd’hui autour de l’avortement et de la contraception, il n’y a plus que des rapports de force :  les uns manifestent devant les hopitaux, pacifiquement certes mais directement face aux femmes concernées ( dans leur esprit, non pour les blesser mais au contraire pour tenter au dernier moment de les dissuader d’une décision qu’elles regretteront), les autres s’opposent à ces interventions violentes psychologiquement et envisagent d’interdire tout débat en faisant de l’avortement une question constitutionnelle et même, si l’on lit le rapport du haut conseil à l’égalité homme-femme, en pénalisant la défense du point de vue anti-ivg sur internet …

Cette situation me parait catastrophique, pour la démocratie en général, mais plus particulièrement dans cette question de l’avortement et de la sexualité plus largement, parce qu’elle est absolument contraire à un élément essentiel de la liberté des femmes : la liberté de réfléchir sereinement, en toute connaissance de cause, sur ces questions, afin de pouvoir prendre des décisions mûrement réfléchies, sans pression, en plein accord avec soi-même, avec ses propres valeurs, avec ses propres émotions et sentiments.

Le rapport de force est si tendu entre partisans et adversaires du droit à l’avortement que le questionnement moral est mis sous le boisseau. Les anti-ivg l’estiment monstrueux en soi, parce que pour eux, tuer un être humain est un meurtre, fin des débats. Les féministes craignent ce débat à double titre. D’abord, comme étant un début de remise en cause du droit à l’avortement. Plusieurs d’entre elles s’opposent au moindre terme qui dérogerait au vocabulaire convenu sur la grossesse. « Tu parles comme les anti-ivg », dès que l’on fait le « faux-pas » de parler d’enfant au lieu du vocabulaire « autorisé » d’embryon ou de fœtus … Ensuite, les féministes craignent que les termes même de ce débat ne soient une violence pour les femmes concernées, en les « culpabilisant ».

La question que je me pose en tant que féministe, est de savoir si, sous prétexte de protéger les femmes de toute culpabilisation, les textes « féministes » sur la contraception et l’avortement, n’en viennent pas à tomber dans la même ornière que l’enseignement aux « jeunes filles innocentes » du XIXeme, c’est-à-dire, à les traiter sur le plan moral en personnes « incapables », ne jouissant pas de toutes leurs facultés intellectuelles. Quand je lis les textes féministes sur la contraception et l’avortement, je vois une absence remarquable : nulle part n’est posée ni traitée la question de savoir en quoi il est justifié moralement de tuer un être humain, un individu humain, vivant, en la « personne » de l’embryon ou pire du fœtus. Un trou noir est posé sur cette interrogation, l’absence de réponse est remplacé par le mantra «  droit à disposer de son corps ».
Droit à disposer de son propre son corps oui, mais quid du corps de l’autre en son propre corps ? Une féministe connue nous disait en privée que la question ressemblait à cette des siamois, deux corps en un. Je n’ai pas vu jusqu’à présent le questionnement féministe aller plus loin. Que l’on me détrompe si des écrits féministes avaient déjà approfondi cette question morale plus avant.

Pas mal de féministes s’insurgent violemment contre toute culpabilisation des femmes, il m’a suffit de montrer des images du développement de l’embryon sur mon blog pour me faire insulter, bannir etc. D’autres féministes qui n’ont pas avorté, se contentent sur cette question de parler de leur propre subjectivité, de leur propres sentiments, disant : «  Je défends le droit à l’avortement, mais personnellement je n’aurais pas pu le faire ».

Mais en dehors du « ressenti », quelle est la vision morale ?  Deux corps dont la vie de l’un dépend de l’autre, et parfois vice-versa : quid des choix possibles ?
Qu’est ce que la liberté des femmes, si elles doivent choisir en restant dans le flou sur cette question de vie ou de mort , avant de choisir, après avoir choisi ?

Pour ce que je sais de la pensée des femmes qui ont défendu le droit à l’avortement dans les années 60-70 en France, l’avortement était vu comme l’ultime recours, il était vu comme un acte grave et dramatique, et la levée de son interdiction était vue comme la réappropriation par les femmes de leur corps, de leur droit de décider de poursuivre une grossesse ou pas, de leur droit de trancher le débat moral, éthique, lié à cette question, c’est  à dire que la levée de l’interdit pénal, signifiait à la fois la réappropriation de leur corps et de leur raison, de leur capacité à raisonner, à décider sur une question morale.

Ces deux droits sont tellement vitaux pour les femmes, que toute tentative pour les réduire est vécue comme une menace vitale, un attentat à leur capacité de défendre leur corps et leurs décisions existentielles, fondamentales.

Une menace renforcée par le fait que l’interdiction de l’avortement signifiait à l’époque l’avortement non médicalisé, c’est-à-dire le risque de mort par infection. S’ajoutait le « traitement », en fait la torture délibérée, punitive, auxquels procédaient certains médecins alors : le curetage « à vif » sans anesthésie.
Aujourd’hui encore, lorsque l’on entend les témoignages de femmes subissant des avortements ( cf le site « j’ai avorté et je vais bien merci »), et qui racontent qu’elles n’ont pas eu d’antalgiques, et comment certains personnels médicaux s’adressent à elle, il est manifeste que cette volonté de punir les femmes par la souffrance physique n’a pas  disparu de nos services médicaux.
La méthode Karman d’aspiration a changé les données du problème à la même époque, puisque cette méthode mécanique n’est pas dangereuse en principe pour la femme. La méthode précédemment la plus pratiquée consistait à générer une infection dans l’utérus, pour provoquer l’évacuation de l’embryon en même temps que le rejet par le corps des infections provoquées. Les femmes provoquaient des lésions par des « aiguilles à tricoter » ou autres tiges de persil, et le risque de mort par septisémie était élevé. Une fois l’avortement réalisé, pour assainir l’utérus, le curetage était nécessaire, ce qui donnait l’occasion à certains médecins, sur la recommandation de certains mandarins eux-mêmes, de laisser libre cours à leur sadisme.

L’avortement est aussi provoqué par des plantes, parfois des plantes médicinales ou aromatiques ayant par ailleurs des vertus médicales pour les femmes. Il est important de le savoir lorsque l’on veut avoir un enfant, et encore plus, quand on est enceinte et que l’on ne veut pas perdre son enfant.
Cet élément montre lui aussi combien la liberté de l’information est « vitale » dans ce domaine, combien était pernicieux et absurde l’interdit d’informer sur la contraception et l’avortement qui régnait sous la loi de 1921.

Le droit  au savoir, à l’information, est un droit si souvent dénié aux femmes, le droit à disposer de son propre corps, commence par le droit d’être informée sur son propre corps, sur son fonctionnement, ses besoins, sur ce qui le menace etc… 
Rien de plus révoltant et écoeurant que cette volonté de garder les filles ignorantes, comme des « oies blanches », dont on s’amuse à voir « l’hystérie » lorsqu’elles se trouvent désemparées devant les réactions de leur corps alors qu’il leur est enseigné qu’une fille normale est en somme asexuée, ce petit jeu de mensonge délibéré, de tromperie, d’apeurement, ajouté au terrorisme moral des filles est tout à fait immonde et vicieux. 
Maintenir les filles dans l’ignorance, c’est en faire des jouets et des esclaves des hommes : un comportement abject, le contraire de l’éducation. Ce procédé est comparable à l’excision dans ce sens qu’il vise au même but : mettre la sexualité des femmes sous contrôle, au service exclusif de l’homme, interdire aux femmes toute maitrise d’elles-même, de leur corps, de leur plaisir. C’est contre cet état des choses, que nombre de femmes et d’hommes se sont élevés en rejetant l’enseignement « puritain » aux filles. 
Aujourd’hui que l’ignorance n’est plus possible parce que les sources d’information sont multiples, c’est par la désinformation que les hommes « pervers » tentent de  s’assujettir les femmes : par un discours qui en gros leur dit qu’elles ne peuvent échapper à un rôle de putes. 
Voilà, pour le dire au passage, une des raisons pour lesquelles il faut s’opposer aux mini-miss, qui enseignent à des petites filles qu’elles sont destinées à être des séductrices « sexy » offertes au public.

Aux féministes « sur le terrain » qui informent sur le droit à la contraception et à l’avortement, j’ai envie de demander si elles ne craignent pas , en parlant de la sexualité fécondante comme d’un bienfait allant de soi, comme d’une donnée non interrogeable, comme d’une « norme » en réalité,  de faire le jeu d’une « contrainte à la sexualité », au bénéfice de tous les marchands de produits médicaux ou autres, liés à cette « hyperactivité », plus qu’au bénéfice de la santé ou du bien-être des femmes ?  
Qu’est ce que le discours du « droit à la contraception et à l’avortement » laisse comme place à des interrogations la sexualité en elle-même, sur sa place dans la vie ? Les adolescent-e-s peuvent ils encore se poser la question du passage à  l’acte ou pas, peuvent ils ne pas se sentir « anormaux » s’ils n’ont pas de « vie sexuelle » ? Est-ce que leur seul choix normal serait de se demander s’ils ont hétéros ou homos, et auraient-ils encore le droit de ne pas « essayer » les deux sexualités avant de « choisir » ?

Lorsque j’étais adolescente, on se moquait des USA où la mentalité de l’époque traitait comme anormaux les jeunes qui  n’avaient pas de petit-e- ami-e-.  Dworkin hurlait devant cette contrainte à la non viriginité, où les jeunes filles devaient se contraindre à prouver qu’elles pouvaient baiser, Dworkin parlait de viol, et c’est bien de viol dont il s’agit. Est-ce que la propagande pour la contraception et l’avortement, ne risque pas d’aboutir à ces viols là : «  je ne veux pas trop mais je me force pour être sure d’etre normale » ?

Est-ce que les adolescents d’aujourd’hui, qui n’entendent parler que de relations sexuelles qui vont de soi, dès les années collèges, - sans même parler de pornographie – alors même que leurs parents divorcent à qui mieux mieux, et de contraception et d’avortement comme des « droits » uniquement, sont encore libres de se poser certaines questions, d’effectuer certains choix, qui ne sont pas dans la « norme » allant de soi comme un « droit » : c’est à droit d’avoir des relations sexuelles protégés et le cas échéant d’avorter. Est-ce qu’une ou un adolescent a encore le moyen de se demander, sans crainte d’être anormal ou fou ou ridicule, s’il veut « attendre » d’avoir rencontré la personne qu’il aime, avec qui il ou elle décidera d’avoir des enfants  pour avoir des relations sexuelles ? Est-ce que les messages qu’il reçoit lui permettent de seulement songer à cette éventualité ? Ou bien est ce que tout ce discours de « droit » ne l’oriente pas forcément vers « le choix » d’entrer dans des relations qui ne sont pas « idéales » et peuvent être difficiles ou éventuellement dramatiques ?

Est-ce qu’une société qui divorce autant, où les gens ne savent donc pas s’aimer en fait, ne devrait pas s’interroger sur sa capacité à enseigner quoi que ce soit aux jeunes, et à fortiori, s’interroger sur ces certitudes sur les nouveaux tabous, les nouveaux interdits de parler qu’elle inventent ?!

A force de s’interdire de poser une question, à savoir quel est le fondement moral de tuer un être vivant, est ce que l’on n’est pas en train de créer un climat de folie où des femmes intériorisaient qu’elles n’ont pas le droit de se poser la question, et aucune raison non plus de ressentir de la répulsion devant ce gestion, et donc aucun droit  de refuser de tuer si leur entourage le leur demande, mais aussi, aucun droit de penser ce qu’elles ressentent, avant ou après : c’est là, dans cette dissociation que commence la « folie ».  Pour les femmes qui ne ressentent rien de négatif ou d’ambivalent, pas de problème, mais pour toutes les autres ???

Il est évident que soulever ces questions face à des femmes qui sont au moment de choisir, qui viennent de s’apercevoir qu’elles sont enceintes alors qu’elles ne l’avaient pas décidé, est brutal et violent, et trop tardif. Dire seulement que l’on est ouvert à ces question est déjà délicat,  à un tel moment.

Mais en amont, il est au contraire très important d’analyser ces questions, ces émotions, de « parler », de laisser la parole aux femmes, aux couples, de refuser tous les interdits de débats sous prétextes des « combats » en cours.

Parce qu’ils soulèvent le problème moral, et donc de santé mentale pour les femmes, du fait d’accepter ou pas de tuer. Etre en accord avec soi-même, lorsque l’on a des choix aussi vitaux, aussi existentielles que l’avortement, ou vraiment librement d’avoir telle ou telle relation sexuelle, est primordial, et pour être en accord avec soi-même il faut échapper à toute aliénation, à toute occultation d’une part de soi-même, il faut pouvoir tout interroger …. S’interdire, sous quelque prétexte, dans quelques circonstances que ce soit, l’accès à ses émotions, à ses réflexions, est une forme d’aliénation, et est une souffrance.

Parce qu’ils soulèvent des problèmes de santé pour les femmes, avec les conséquences de la mise sous hormones sur de longues périodes de la vie. Ainsi que des problèmes d’environnement avec l’influence de ces hormones évacuées dans les fleuves sur la faune.   

Parce qu’il ne faut surtout pas perdre de vue l’objectif de notre « combat » :  la liberté des femmes, et non pas l’institution d’une nouvelle « norme » qui comme par hasard semble aujourd’hui servir non pas les femmes, mais des intérêts uniquement marchands. Ce sont des intérêts marchands, et non l’intérêt des femmes, qui poussent à imposer la norme de l’activité sexuelle fécondante et contraceptée, par hormones, en Europe : développer le chiffre d’affaires de fabricants d’hormones et autres gadgets, réduire l’arrivée sur le marché du travail de jeunes européens trop syndicalisés et revendicatif, l’ouvrir aux pauvres plus prolifiques ou chassés de leurs pays par la misère produite par les mêmes lois marchandes … bref faire le jeu d’intérêts qui n’ont rien à voir avec la liberté et la dignité des femmes, avec la liberté et la dignité humaines, qui n’ont non plus rien à avoir avec le fait de mettre au monde des enfants dans les meilleures conditions.
Le choix moral sur l’avortement se pose en fait à propos de deux actions. L’avortement lui-même : la question de la justification de tuer. Puis, l’acte sexuel à priori fécondant ( on peut faire plaisir à l’autre en dehors de ces actes spécifiques) : la question de la justification de prendre le risque d’une fécondation, même réduit par la contraception, alors que l’on sait que la seule issue  envisagée en cas d’accident serait l’avortement.

Aujourd’hui, un des arguments de la défense du droit à l’avortement, est que les grossesses non désirées sont une fatalité car la contraception n’est pas sûre à cent pour cent, et qu’il existe des viols. Exprimer les choses ainsi me parait pernicieux : cette formulation occulte la condition à laquelle les grossesses non désirées se produisent, c’est-à-dire le choix d’avoir des relations sexuelles qui y exposent. Hurlement que j’entends déjà, franche rigolade :  « non mais tu ne vas pas nous sortir qu’il ne faut pas baiser, on rêve, on n’est plus au moyen âge.. ».

Je réponds qu’à force de refuser les questions et la réalité, nous sommes justement en train d’y replonger justement, nous n’avons plus le cran d’affronter non seulement les réalités, mais même les interrogations dérangeantes, nous n’avons plus le cran d’affronter le conformisme ambiant, pas le moindre plus petit conformisme actuel, nous revenons aux préjugés dont le corrollaire est la colère et la « furie irrationnelle » contre celui qui trouble l’ordre du groupe.

L’ordre du groupe est devenu qu’il faut baiser jeune, et risquer des avortements et bien sur avorter si on n’a pas le niveau de vie « suffisant » ou si on a un handicapé en route. Le fait que des femmes qui avortent et qui reçoivent des messages culpabilisant, leur enjoignant de souffrir, ne contredit pas ce que je viens de dire : au contraire, ce malaise, ces contradictions, montrent que notre société n’a pas assez réfléchi sur ce sujets, qu’il y a bien trop de non-dits, dans tous les sens.

Le choix d’avoir des relations qui exposent aux grossesses est bien un choix, pas une fatalité, dès lors que ce choix existe, il faut le penser, il faut prendre conscience qu’il existe, et prendre la liberté aussi de se poser la question liée à l’existence de ce choix : soit la question de savoir si l’on est ou pas, et dans quelles conditions, en accord avec soi-même lorsque l’on prend ce risque.

Au fond, j’ai souvent l’impression fort désagréable, quand j’entends certaines discours féministes, de parler à des gens qui ressassent un discours ancien, un discours un peu gâteux et satisfait de soi-même, de vieux combattant,  sans se soucier de son effet sur les plus jeunes. Si je suis dure dans ce commentaire, c’est en raison de la violence verbale, que je rencontre dès que je sors du discours « convenu » sur le sujet, dès que je parle de la conscience des médecins, ou de « bébés » pour les enfants en formation. Cette violence me parait non seulement injuste, mais très significative d’un probleme non résolu. Ou résolu par l’enfermement. Un enfermement que je trouve pour ma part irresponsable. 
Face aux lobbys de l’industrie du sexe, -et des nouveaux marchands d’esclaves - les féministes ne peuvent pas se contenter de regarder dans le rétroviseur, de ressasser leurs victoires passées, de se satisfaire de leurs propres libertés, et de présumer que les adolescents d’aujourd’hui auraient les armes intellectuelles pour réfléchir, pourraient se défendre : c’est à nous de les défendre.   Il faut qu’ils sachent clairement qu’il n’y a pas trente six mille façons de ne pas risquer d’avoir un jour à  se poser la question : est ce que je tue ou pas un individu, humain, qui est issu de moi ?

L’avortement a été « vendu » à nos mères ou grandes sœurs comme promis à la disparition avec la contraception, comme une opération sur des embryons de quelques cellules, insensibles, sans forme humaine quasiment : or tout ceci est faux, et on nous dit aujourd’hui : « Ne dramatisons pas, c’est un évènement qui arrive à 40% des femmes une fois dans leur vie » …  Bon, 200 000  morts provoquées par an, si ce n’est pas dramatique, alors on peut dire en quoi, et le montrer de manière évidente, photos à l’appui, non ?

Il me parait tout à fait absurde et même imbécile, de laisser le féministe se faire récupérer par le marché, réinstaurer en fait le patriarcat le plus absolu, donnant droit de vie et de mort aux chefs de famille, aux chefs de populations plutôt aujourd’hui, sur les enfants et le corps des femmes et des hommes moins puissants socialement. Parce qu’en réalité, si l’on considère le résultat global de cette politique à façade libérale, c’est  bien à cette situation que nous sommes arrivés. Mort aux enfants trop chers hors quota, mort aux handicapés ( trisomiques tués à plus de 90% après leur détection vers 5 mois, on voit mal comment appeler cela autrement que de l’eugénisme et de l’assassinat), réduction des hommes à des lavettes dociles et éventuellement camées. Avec réduction du débat à des invectives :  t’es «  facho » si tu poses une question …

Aux opposants au droit à  l’ avortement et  à la contraception, j’ai envie de poser toute une série de questions qui suivent …


  Questions à des militants anti-avortement

Les militantes du Planning familial rencontrent des femmes dans une situation de crise, quand elles ont déjà pris leur décision ou ont peu de temps pour la prendre, ces militantes craignent de « faire pression » sur ces femmes, d’ajouter à leur souffrance en prononçant des mots qui les culpabiliseraient, alors qu’elles sont déjà dans une situation de souffrance. C’est bien avant l’arrivée des femmes au planning qu’une réflexion sur la vie sexuelle en général et sur la fécondité doit avoir lieu, pour éviter autant que possible des drames ou des choix faits hâtivement et sous la pression, dans la panique, que l’on pourrait regretter ensuite.
Si l’on veut pouvoir réfléchir avant, bien avant de telles situation, il faut à mon sens se poser les questions telles que les intéressées les ont à l’esprit, tout au long des processus qui conduisent éventuellement à se poser un jour la question de l’avortement.  D’où cette liste de questions …

Que diriez vous à des jeunes qui veulent avoir une contraception et qui vous disent : «  je veux connaitre mon corps » ?
Ou : «  je veux profiter des plaisirs de la vie » ?
Ou :  « je veux savoir si je m’entends bien physiquement avec celui ou celle que j’aime affectivement avant d’envisager une vraie vie de couple » ?
Ou : « parce que je veux être sûre que lorsque je ferai un enfant, ce sera vraiment avec la bonne personne »

Que diriez vous des couples qui veulent avoir une contraception « chimique », et vous disent : «  mais en pratique, matériellement, comment fait-on dans un couple sans contraception chimique : on ne fait plus l’amour, ou bien on ne fait plus certains actes ? »
Ou : «  pourquoi distinguer « contraception » et « régulation des naissances », qui n’est qu’une autre forme de contraception ? »
Ou : «  et si malgré ces précautions qui ne sont pas très fiables, une grossesse survient alors que n’est vraiment pas le bon moment, et qu’on le sait rapidement, que faut-il faire ? »
Ou : « au nom de quoi faire venir au monde un enfant qui vivra dans de mauvaises ou très mauvaises conditions, alors que dans les premiers stades de la grossesse, on peut mettre fin à sa vie alors qu’il ne ressent rien et n’en souffrira pas ? »
Ou : « si notre enfant nait handicapé, nous n’avons pas les ressources pour l’élever, et il risque d’être maltraité, ou ses frères et sœurs risquent d’en souffrir »

Que diriez vous à une femme ou jeune fille qui vous disent :
«  je veux avorter parce que je n’ai pas les moyens financiers d’élever cet enfant »
Ou : « parce que je ne peux pas le faire garder pendant que je travaille »
Ou : « parce que si je gagne de quoi l’élever, je ne pourrais pas jongler avec les garderies ou l’école, et il risquera de rester seul, et d’avoir des accidents »
Ou :  « parce que je n’ai pas commencé ou fini mes études »
Ou : « parce que je ne pourrai pas lui offrir une vie non misérable »
Ou : « parce que j’ai peur qu’on me l’enlève si je ne peux pas l’élever …
Ou : « parce que j’ai peur qu’il soit maltraité si on me l’enlève »
Ou : « je veux avorter parce que j’ai été victime de violence, je suis isolée et mon enfant risque de subir les mêmes violences que moi parce qu’il sera l’enfant d’une femme « sans défense » »

Que diriez vous à une femme ou jeune fille qui vous disent :
« Je veux avorter parce que je n’aime pas le géniteur/père »
Ou : «  parce qu’il est violent »
Ou : « parce qu’il est devenu violent depuis que je suis enceinte »
Ou : « p                arce que je ne suis pas sur d’aimer le père et de vouloir faire ma vie avec lui »
Ou : « parce qu’il ne veut pas de l’enfant »
Ou : « parce que ma / sa famille ne veut pas de l’enfant »
Ou : « parce qu’il m’a menacée de demander la garde de l’enfant selon la loi sur la garde alternée »
Ou : « parce qu’il peut enlever l’enfant et l’emmener dans son pays »

Que diriez-vous à une femme ou jeune fille qui vous disent :
«  Je veux avorter parce que je ne veux pas être mère »
Ou : « parce que je ne me sens pas assez mature pour être une bonne mère, je sais que je le serai plus tard »
Ou : « parce que je ne veux pas subir physiquement une grossesse »
Ou : « parce que j’ai déjà du mal à m’occuper de mes autres enfants, et je n’aurais pas la force physique, pas la santé, pour m’occuper convenablement d’un nouveau »
Ou : « parce que cette grossesse n’était pas prévue, j’ai pris tous les moyens  de contraception qui n’ont pas marché … »
Ou : « parce que c’est mieux d’être désiré, je ne veux pas mettre au monde un enfant non désiré »
Ou : « parce que je ne me sens pas capable d’aimer cet enfant »
Ou : « parce que je ressens de l’aversion pour cet enfant, je ne sais pas pourquoi exactement »
Ou : « parce que je ressens de l’aversion pour cet enfant, à cause de son père … »
Ou : « parce que j’ai peur d’être une mauvaise mère »
Ou : « parce que j’ai peur d’être violente envers cet enfant »
Ou : « parce que cet enfant est né d’un homme qui n’est pas mon compagnon et je ne veux pas casser mon couple »
Ou : « parce que cet enfant est né d’un homme qui n’est pas mon compagnon et n’en veut pas »
Ou : « parce que cet enfant est né d’un homme qui n’est pas mon compagnon et je ne veux pas qu’il est une vie écartelé entre deux couples »

Que diriez-vous à une femme ou jeune fille qui vous disent :
«  Je veux avorter parce que si j’accouche sous X ou si je fais adopter mon enfant, il souffrira de sa situation de toute façon »
Ou : «  je veux avorter parce que si je garde cet enfant à contre-cœur, ou dans l’angoisse, il le sentira et nous serons tous les deux malheureux toute notre vie »
Ou : «  je veux avorter parce que je ne veux pas que cet enfant me reproche un jour de l’avoir mis au monde sans qu’il ait rien demander dans d’aussi mauvaises conditions »

Ou : « je veux avorter parce que je n’aimerai pas cet enfant et que l’amour ne se commande pas, or un enfant a besoin d’amour … »

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