Mariage homo et homoparentalité


Pour les couples, la transposition du mariage permet la reconnaissance de la valeur des liens homosexuels autant qu'hétérosexuels,
mais un couple homosexuel ne peut avoir d'enfant biologique commun, leurs enfants sont issus d'autres couples, celui qu'ils forment avec un parent de l'autre sexe, un couple parental,
dont il faudrait étudier le statut juridique particulier, adapté, différent de celui des divorcés, (quoi qu'en pensent les associations incapables d'imaginer en dehors du moule, de sortir du cadre, censés représenter les homosexuel-les ...)







Réponses à l’article de Polémia : http://www.polemia.com/article.php?id=5088

Le mariage peut-être le cadre de l’appropriation et de l’exploitation des femmes par les hommes, mais il peut-être aussi : « l’édifice multimillénaire que les hommes ont accepté comme protection de leurs devoirs naturels. Il était une domestication de la violence éventuelle de l’homme sur la femme, de la transformation de la loi du mâle en culture, en contrôle de soi, et en transfiguration du lien charnel en attache spirituelle. » Il ne l’était pas tant qu’il était inégalitaire, subordonnant la femme à la volonté du mari et la plaçant sous sa dépendance, réprimant plus sévèrement l’adultère féminin que masculin, mais il l’est en effet devenu de plus en plus avec l’égalité des droits des époux.

Il est manifeste qu’en rétablissant la répudiation, un flou et une insécurité juridique, le PACS a été « un coin enfoncé » dans cet édifice, et donc un danger pour les plus faibles du couple, pour les femmes dans les couples hétérosexuels : c’est pour cette raison que je l’ai critiqué, malgré la reconnaissance de l’amour homosexuel qu’il apportait.

Aujourd’hui ce même reproche est prononcé contre le mariage homosexuel lui-même : ce reproche ne me parait pas fondé, mais il se comprend étant donné la forme de mariage homosexuel qui est proposée aujourd’hui : c’est-à-dire un « contrat » qui serait entièrement fondé sur – pour résumer – la théorie du genre, la théorie de l’indifférenciation totale, se concrétisant par le refus de toute distinction entre les couples adoptants des enfants et la condamnation comme criminelle de l’idée qu’il faut confier les enfants à priori à des couples hétérosexuels.

Cette théorie du genre a des dérives dangereuses dans la mesure où, présentant l’être humain comme dénué de corps, de corporéité, de matérialité presque, une sorte de barbapapa, elle emporte une négation de tout ce qui découle des différences de corps, dont le besoin d’assistance matérielle des femmes enceintes et des bébés, dont notamment,« la violence éventuelle de l’homme sur la femme ».

Demander la possibilité pour des couples homosexuels d’adopter, n’implique pas de tomber dans cette dérive délirante qui consiste à nier la différence entre hommes et mère, expérience d’homme et de père, ou de femme et de mère. Demander la possibilité d’adopter pour des couples homosexuels, c’est reconnaitre que l’aptitude à être parent appartient aux homosexuels comme aux autres, et que cette aptitude, peut être utile dans certains cas particuliers à des enfants sans famille, mais il n’y a aujourd’hui aucune raison de renoncer à ce qui apparait comme une prudence élémentaire : confier de préférence un enfant à des parents adoptifs correspondant à une famille biologique, père et mère. Personne n’a prouvé jusqu’à présent que priver un enfant de l’apport de parent de sexe différent puisse être sans conséquence, dès lors rien n’autorise à le faire, sauf dans des cas particuliers qui pourraient exister. Par exemple, un enfant dont aucun couple hétéro ne voudrait se charger, par exemple un adolescent lui-même homosexuel.

C’est sur la base de cette théorie de déni du corps, qu’est défendue l’autorisation des contrats de mère porteuses, comble de l’exploitation … ce qui illustre bien l’idée que « l’arrachement à toutes les racines, à cette imprévisibilité absolue qu’est la famille biologique, au profit d’un ensemble purement culturel, plastique, flexible, conditionnable, qu’est le nouvel homme. » a pour but de détruire ce qui rend l’être humain «  moins malléable, et plus rétif à l’asservissement. », moins disponible pour l’exploitation.
Peut-être pour distinguer manifestement l’alliance du « couple » homosexuel du mariage entre parents biologiques potentiels, faut-il nommer le mariage entre homosexuels, « alliance ».

Il est vraiment dommage que dans ce débat les amalgames des uns répondent aux confusions des autres, et que ceux que l’on entend le plus dans ce débat, soient tous des défenseurs d’ordre établis ou montants qui s’opposent aux besoins et droits des femmes et des enfants. L’ordre patriarcal chrétien par irréalisme, par son refus persistant de voir que ses traces de prééminance masculine facilitent la violence et l’exploitation (malgré des idées sur la conjugalité qui n'ont rien de sexiste : http://elisseievna.blogspot.fr/2012/09/love.html), la maintienne comme tentation permanente, l’ordre « queer » parce qu’il est vulgairement marchand, nie cette violence et pire, l’organise.
Si les queers l’emportent, les femmes et les enfants en pâtiront, en pâtissent déjà, si le traditionaliste revient en retour, ce sont les homosexuels qui en pâtiront, alors que ces méfaits pourraient être évités.

Espérons plus de mobilisation pour défendre :
-       La reconnaissance de l’amour homosexuel et de la valeur de ses liens, que la société doit protéger comme les autres liens
-       La reconnaissance de la priorité des besoins des enfants comme base du droit pour tout ce qui les concerne
-       La reconnaissance que « l’esprit n’a point de sexe » mais que la différence physique entre les sexes crée des situations de vulnérabilité différentes
-       Des institutions tenant compte de ces réalités, pour assurer à chacun la vie, l’intégrité physique, et favoriser le plus possible, le maintien de ses liens affectifs.
-        

Réponse à l'article du Diocèse de Paris : http://www.paris.catholique.fr/10-bonnes-raisons-de-ne-legaliser.html


Le mariage n’est pas la reconnaissance de sentiments ? Mais bien sûr que si, ou plus précisément, il est la reconnaissance de l’engagement qu’un homme et une femme prennent l’un envers l’autre au nom de ce sentiment, et dans la plupart des cas envers leurs futurs éventuels enfants. Comme je ne pense pas en termes de péché, je trouve que cette reconnaissance et cet engagement sont importants, légitimes, aussi pour ceux et celles qui aiment une personne de leur sexe, je ne pense pas que le comportement de cette petite minorité de la population, qui restera toujours une petite minorité, un « accident » par rapport à la majorité des gens qui peuvent avoir des enfants « de l’amour », change quoi que ce soit à la destinée des peuples.
Cette minorité minime sert en fait de prétexte à, pas exactement à l’hédonisme, mais au refus de tout engagement . A mon avis, le PACS et sa répudiation ont été voulu par des hétéros, les gays ont servi de prétexte. Ce n’est pas parce que le mariage homo serait permis que les hétéros ne se marient pas ou divorcent : ils ne se marient pas ou divorcent, parce qu’ils ne veulent plus d’engagement voilà tout, parce qu’ils n’y croient plus. Le danger est la destruction des liens, le fait de désapprendre ce qui les construit et les développe. Des individus isolés, précarisés en tout. Ce qui détruit encore réellement les familles, c’est la lourde taxation des successions, ce qui produit aujourd’hui une destruction des entreprises familiales et un véritable transfert du patrimoine des familles françaises à des enfants originaires d’autres familles.
Le mariage homo si on le traite pour ce qu’il est, alliance de deux personnes qui ne sont pas faites physiquement pour avoir des enfants ensemble, pouvait au contraire renforcer l’idée de mariage, l’idée d’engagement. Mais effectivement, il n’est pas traité ainsi, il est utilisé comme moyen de se faire passer à bon compte pour défenseur des libertés.

De cette affirmation tout de même énorme sur le mariage, découlent deux autres affirmations graves  basées sur une vision purement « utilitariste » du mariage, qui à mon sens le dénature complètement.

SI le mariage n’a pour objet que de favoriser le renouvellement de l a société par la fabrication d’enfants bien éduqués, c’est-à-dire de bons producteurs, alors on peut tout autant défendre l’idée qu’une société peut aussi bien choisir d’aller se fournir en producteurs ailleurs en important des immigrés plus jeunes. Cette utilisation de matériel humain déplacée,  pour l’usage de certains, peut aussi être qualifiée de « fonction sociale », puisqu’elle permet qu’une société poursuive son mode  de fonctionnement économique.  Parce que s’il n’y a plus l’idée de la valeur d’une transmission basée sur l’amour, sur les liens affectifs, alors il n’y a aucune raison de ne pas aller au bout de la logique purement utilitariste et économique.  Une société qui ne croit plus à l’amour ne peut pas le transmettre, pour sur.

Affirmer que le mariage est l’inscription de la filiation dans une institution fiable, c’est confirmer la critique féministe du mariage comme institution patriarcale, c’est à dire comme institution au service du pouvoir des mâles de s’approprier de façon fiable des femmes ( ces mères-là étant en effet protégées) qui leur donneront « leurs » enfants, et d’exclure de façon tout aussi fiable les femmes et les enfants non sélectionnés, les séduites les catins les répudiées, sorties du système comme putes et bâtards bons pour servir de chair à canon …
Parce que historiquement, la famille, le mariage « civil » « coutumier » ont servi à cela, à ce que des hommes puissent transmettre leurs gènes et donner force à sa cette transmission par la reconnaissance sociale de la filiation, tout en écrasant d’autres femmes réduites à servir à leurs menus plaisir, et les enfants de ces femmes, réduits à servir tout court. Il faut ajouter pour être juste avec les hommes, que dans ce système, les femmes « reconnues » jouent aussi un rôle dans la défense du « patrimoine » familial, dont elles bénéficient, et le défendent, jusque et y compris parfois en défendant le droit pour leurs maris de se défouler avec les femmes perdues ...
 Ce sont des idéalistes divers,  féministes ou humanistes ou religieux, qui ont bataillé pour rendre le mariage moins inégalitaire, au nom de valeurs comme l’égale dignité des personnes, l’amour ... ou bien qui au nom de ces mêmes valeurs ont demandé l’abolition du mariage et la protection de toute mère, sans passer par l’aval d’un homme, sans donner à des hommes le pouvoir de refuser cette protection à certaines, directement par la société.
Non le mariage n’est pas fait pour que les filiations soient reconnues socialement, il est fait pour les adultes protègent les enfants, ce qui n’est pas du tout la même chose. Le mariage « coutumier » («  manger et coucher ensemble c’est mariage ce me semble … ») est même plutôt le contraire du mariage « sacre », si je  ne m’abuse.  C’est heureusement parce que cette idée de protection des enfants est défendue par des idéalistes, que les filiations légitimes et naturelles sont de plus en plus égalisées par le droit. Certes cette égalisation n’est qu’un pis aller par rapport à l’idéal de couples qui agiraient de façon tout à fait responsable  envers les enfants, mais elle se fait, et effectivement, elle se fait contre le mariage patriarcal, contre le mariage « appropriation ».

« On ne voit pas bien d’ailleurs l’utilité et la légitimité de la reconnaissance par les pouvoirs publics d’une relation amoureuse, la réalité la plus intime qui soit. » Il est bien étrange et dommage ne pas la voir quand on veut défendre la valeur de l’amour et de l’amour conjugal ! Qu’une réalité soit intime est contraire au fait qu’elle soit montrée, exhibée, mais n’a rien de contraire au fait que sa valeur et son existence soit reconnues publiquement.

Le hic de ce texte c’est qu’il se veut « juridique et laic » et du coup, ne dit rien du choix fondamental des valeurs, choix sous-jacent aux choix juridiques. On tourne alors en rond, en tentant de justifier l’immobilisme par le droit antérieur, dans une logique positiviste. Mais que viennent donc faire des évêques là dedans ? En rentrant dans ce jeu rhétorique là, ils ne sont ni laïques (puisqu’ils s’immmiscent finalement dans le droit), ni utiles puisqu’ils n’apportent rien au sujet : les juristes sont parfaitement aptes à évaluer la cohérence (ou non) de réformes  par rapport au droit antérieur et à ses principes …
Si des religieux ont quelque chose à apporter au débat public, ce sont leurs idées au sujet des valeurs qui fondent le droit. Le clivage est là mais la vision des religieux et celle de nombre d’homosexuels est moins éloignée qu’il ne parait, parce que justement si le mariage est voulu par beaucoup d’homosexuels qui le défendent c’est parce qu’ils veulent « se plier au seul modèle du mariage », c’est parce qu’ils trouvent l’amour «sacré », c’est parce qu’ils veulent que cette valeur de leur amour soit reconnue. « Respecter vraiment les personnes homosexuelles » c’est peut-être d’abord les écouter, écouter pourquoi elles défendent le mariage … Effectivement, certains homosexuels rejettent le modèle, mais d’autres au contraire valorisent l’amour et la fidélité.
Le clivage est entre les ceux (dont les catholiques) qui pensent que seul l’amour entre deux personnes qui ensemble peuvent transmettre la vie, ( ou par assimilation le mariage entre deux personnes qui auraient pu la transmettre s’ils s’étaient marié plus jeunes) a de la valeur, n’est pas un péché, et d’autre part, les homosexuel-les qui pensent que l’amour entre deux personnes est une valeur en soi et pour certaines (plus chez les lesbiennes peut-être),  l’idée que la fidélité fait partie de l’amour est bien présente aussi. Ce clivage, qui concerne la situation d’une petite minorité, vivant une réalité toujours mystérieuse ( pourquoi cet amour non aligné sur l’instinct de reproduction ?) apparait bien moins grand que celui qui existe entre ceux qui croient à l’amour-engagement et ceux qui n’y croient pas. 

L'article que je reproduis ci -dessous de Robert Redecker, exprime exactement l'enjeu du débat, mais pas exactement pour les raisons qu'il donne : " Le mariage homosexuel, institution dont Barbarin suggère l’élasticité, est tout simplement l’entrée dans le paganisme, qui vouera un culte aussi ardent qu’exclusif à la Nature. .. Or, le mariage était érigé comme rempart contre la nature, le déchaînement de ses instincts. Le mariage homosexuel est l’entrée sans retour dans une civilisation païenne et post-chrétienne.".
En effet, sacré contre instinct : tel est l'enjeu de ce débat autour du mariage homosexuel.
L'égoisme c'est à dire dire l'instinct  l'emportera si avec le "droit à l'enfant" prédomine sur le droit des enfants quand le choix d'une famille adoptante hétérosexuel est qualifié de discriminatoire, si le "droit de l'argent" prédomine sur toute autre valeur, si le "droit" à l'achat de "gestation pour autrui" est reconnu.
Alors,  au lieu de servir à renforcer la civilisation de l'amour entre les personnes, le mariage homosexuel n'aura servi qu'à revenir à cette ère païenne, dont le principal tort ( mais ce reproche était il toujours aussi fondé que le prétendent les monothéistes ?) aura été de pratiquer le sacrifice d'êtres humains.
Il n'y a vraiment pas de quoi rire en effet.

 Les prophètes du paganisme contre Mgr Barbarin

Professeur agrégé de philosophie, écrivain.
Membre du comité de rédaction de la revue Les Temps modernes, du comité scientifique du CALS (Université Toulouse-Le Mirail) et du comité de rédaction de la revue Des Lois et des Hommes.
  
La gent discutante a ri trop facilement — du rire suffisant de ceux qui se savent dans le sens de l’Histoire — des propos de Mgr Barbarin au sujet du mariage entre homosexuels.
Cette gent s’est indignée trop mécaniquement – de l’indignation réflexe des « Assis », au sens rimbaldien, de Clio – devant les réflexions du Primat des Gaules. Ce dernier a mis en lumière la face cachée de ce nouveau type de mariage : ses conséquences.
Avant de s’esclaffer, il faut chercher à comprendre.
Quelles conséquences ? Notre prélat en cite quelques-unes : le mariage à trois ou quatre, bref le polymariage répondant au polyamour, et, à terme, l’institutionnalisation de l’inceste.
La pensée de Barbarin dessine l’horizon de la longue durée. Même dans son aspect civil, le mariage, tel que la République française le pratique, reste chrétien. Il est l’ultime monument chrétien en France, la dernière forteresse encore debout de la France chrétienne.
Le mariage homosexuel — qui serait une parodie bien en phase avec « l’ère du vide » dans laquelle nous nous mouvons, de ce que le mariage fut, qui le viderait de sa substance —, achèverait la déchristianisation de notre pays. Plus rien, en France, hormis son manteau d’églises et de cathédrales figé dans l’ordre patrimonial à vocation touristique, ne subsisterait de ce qui fut son âme pendant plus de quinze siècles, le christianisme.
Cet effondrement dessine un avenir. Le mariage homosexuel, institution dont Barbarin suggère l’élasticité, est tout simplement l’entrée dans le paganisme, qui vouera un culte aussi ardent qu’exclusif à la Nature. Mille secteurs de la société française pratiquent déjà ce culte, la Nature s’étant substituée à l’Histoire dans le rôle de grande justificatrice des actions humaines. Or, le mariage était érigé comme rempart contre la nature, le déchaînement de ses instincts.
Le mariage homosexuel est l’entrée sans retour dans une civilisation païenne et post-chrétienne. C’est dans ce cadre d’une réflexion sur l’Histoire et le devenir de la civilisation que se placent les paroles de Mgr Barbarin.
Quoiqu’en disent les prophètes pressés du paganisme, elles ne sont pas risibles, elles ne sont pas choquantes, elles méritent la réflexion.
Robert Redeker, le 1 octobre 2012


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire